vendredi 21 janvier 2011

Le petit marin

J'ai tourné contre moi la mon comme un énorme tournesol
Et vu le golfe d'Adramyte, le lit frisé du vent du nord
Un oiseau figé entre ciel et terre et les montagnes
Légèrement posées l'une dans l'autre.
J'ai vu l'enfant
qui allume
Des lettres et rapporte en courant l'injustice dans ma
poitrine
Dans ma poitrine où j’ai vu la deuxième Grèce
dans l'au-delà du monde.


Ce que je dis et j'écris pour que nul autre ne comprenne
Comme une plante vit de son poison jusqu'à ce que le vent
Le lui change en parfum qu'il éparpille au quatre
coins du monde
Plus tard on verra mes ossements d'un bleu phosphorescent
Qu'emporte dans ses bras l'Archange ruisselant aux
enjambées
Immenses traversant la deuxième Grèce dans l'au-delà
du monde.


*

J'attends le jour
Où un jardin clément avalera
Les déchets de tous les siècles – le jour
Où une fille annoncera la révolution dans son corps
Beauté aux cris tremblants aux lueurs
De fruits ramenant l'histoire
À son point d'origine

si bien
Que les Francs sans doute s'helléniseront
Parvenant au cœur du figuier
Où leur sera dictée dans leur sommeilla perfection
Des vagues
où d'une fissure dans leur pensée l'émanation
D'une lavande audacieuse revenue
De leur enfance ira aux espaces stellaires
Pleins de colères les apaiser.

Odyssèus Elỳtis, Le petit marin