mardi 1 février 2011

« Omorphi ke paraxeni patrida »

Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée

Elle jette les filets pour prendre des poissons
Et c’est des oiseaux qu’elle attrape
Elle construit des bateaux sur terre
Et des jardins sur l’eau

Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée

Elle baise le sol en pleurant
et puis elle s’exile
aux cinq chemins elle s’épuise
puis toute sa vigueur reprend

Elle menace de prendre une pierre
Elle renonce aussitôt
Elle fait mine de la tailler
Et des miracles naissent

Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée

Avec une petite barque
Elle atteint des océans
Elle cherche la révolte
Et s’offre des tyrans

Elle enfante cinq grands hommes
et puis elle leur brise l’échine
quand ils ne sont plus
elle chante leurs louanges

Belle mais étrange patrie…

Poème d'Odyssèus Elỳtis, 1971
(traduction d'Angélique Ionatos)

source:http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/elytisimages/Elytis.pdf

Poème choisi par Elise PLANCHAUD-BOITARD, 1ère S1.